Pourquoi la Banque du Canada maintient-elle les taux d'intérêt à un faible niveau?
La Banque du Canada a annoncé le 3 septembre 2014 qu’elle garde son taux cible de financement à un jour à 1 %.
Le taux de financement à un jour n'a pas changé au cours des quatre dernières années.Il restera probablement au même niveau pendant un certain temps encore. Pourquoi?
L'inflation est dans la fourchette visée –L'inflation a augmenté dernièrement, mais elle se situe près de la cible de 2 % que la Banque s'est donnée.La Banque croit que la hausse reflète des facteurs temporaires et elle cite des preuves à l'appui dans son annonce. Par conséquent, elle ne considère pas qu'il soit nécessaire de hausser les taux d'intérêt pour la freiner. La Banque estime plutôt que l'inflation se stabilisera d'elle-même au fur et à mesure que se dissipent les facteurs temporaires. L'incertitude demeure élevée – Bien que la reprise économique aux États-Unis semble de retour sur la bonne voie après un premier trimestre lamentable, la croissance économique européenne a chancelé, ce qui est attribuable en partie aux sanctions commerciales imposées à la Russie.Il faut donc des taux d'intérêt faibles pour appuyer la croissance économique canadienne alors que le doute se pointe dans les perspectives de croissance économique mondiale, de demande en exportations canadiennes et de croissance économique du Canada. Les exportations canadiennes ont besoin de l'aide du taux de change –L'annonce de la Banque fait remarquer que « les exportations canadiennes ont bondi au deuxième trimestre ». Elle cite que c'est en raison du renforcement des dépenses d'investissement aux États-Unis et de « la dépréciation passée du dollar canadien ». Une augmentation trop précoce des taux d'intérêt mènerait à une hausse du dollar canadien, ce qui ralentirait les exportations canadiennes. La Banque compte sur le raffermissement des exportations pour aviver les investissements des entreprises et la croissance économique. L'accroissement des exportations ne s'est pas encore traduit par une hausse des investissements et des taux d'embauche – Même si la Banque est heureuse de constater un renforcement des exportations, elle note : « Bien qu’un nombre croissant de secteurs d’exportation semblent avoir amorcé le virage de la reprise, il faudra que ce redressement se poursuive avant de se traduire par des investissements des entreprises et des taux d’embauche plus élevés. » En tant que tels, les taux d'intérêt devront rester stimulants pour persuader les compagnies d'augmenter les investissements et d'embaucher même si les exportations demeurent considérables.
Les raisons ci-haut portent à croire que les taux d'intérêt ne sont pas susceptibles d'augmenter dans un proche avenir.
L'annonce du 3 septembre arbore un changement de terminologie remarquable; elle ne fait aucunement mention de l'atterrissage en douceur du marché immobilier.La Banque déclare que le marché du logement est demeuré plus vigoureux que prévu et que les risques associés aux déséquilibres dans le secteur des ménages « n'ont pas diminué ».
Cela dit, il est possible que le renforcement de l'économie des États-Unis, le bond des exportations et la force actuelle du marché du logement reflètent tous un redressement des faibles rendements de l'hiver dernier, qui s'est révélé particulièrement difficile.
La Banque affirme demeurer « neutre quant au prochain changement du taux directeur » : il dépendra des nouvelles informations sur les perspectives et l'évaluation des risques en matière de croissance économique et d'inflation.
En date du 3 septembre 2014, le taux officiel de financement de cinq ans s'élevait à 4,79 %; il est resté pareil à celui que la Banque avait annoncé le 16 juillet 2014 et a baissé de 0,55 point de pourcentage par rapport à celui d'il y a un an.
La prochaine date d'établissement du taux cible du financement à un jour est le 22 octobre 2014 et l’annonce sera accompagnée par la mise à jour du Rapport sur la politique monétaire, lequel contiendra la nouvelle projection pour l’économie et l’inflation, une analyse des risques connexes ainsi que la mise à jour des estimations du potentiel de l’économie canadienne.
(CREA 9/3/2014)