Épisode 2/Août 2020
Sylvain Leblanc : Les éléments au cœur du service à la clientèle en immobilier
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Transcription de l'épisode
Mitsou Gélinas: Vous écoutez EN DIRECT une série de balados de l'Association canadienne de l'immeuble sur tout ce qui touche l'immobilier, et son impact sur les agents et courtiers immobiliers, les Canadiens et le marché. Je m'appelle Mitsou Gélinas, et aujourd'hui, je vous présente un homme au parcours incroyable : Sylvain Leblanc, qui est membre de l'ACI. Sylvain est un ardent défenseur du service à la clientèle. Il se décrit même comme courtier-accompagnateur. J'ai discuté des qualités qui font de lui un excellent courtier, et de ce qu'il a développé comme expertise pour avoir des relations avec les clients qui traversent les générations.
Sylvain Leblanc: C'est tellement le fun-là, parce que ça traverse la vie aussi. On n'est pas en train de vendre des propriétés, puisqu'on est en train de vivre des choses ensemble.
Mitsou: Ouvrez l'oreille, Sylvain est un compteur d'histoire. C'est beau de l'entendre raconter sa vie et celle de ceux qu'il a croisé depuis le début de sa carrière. Bonjour Sylvain Leblanc.
Sylvain: Bonjour Mitsou.
Mitsou: Comment dois-je te présenter Sylvain ?
Sylvain: Peut-être comme une surprise dans le monde immobilier, je dirais. Il n'y a pas grand-chose qui me destinait à ça. Moi, j'ai dans le fond une origine professionnelle un peu particulière. J'ai eu une formation en psychothérapie. Je suis psychothérapeute, mais aussi, j'ai été curé pendant 10 ans. J'ai travaillé beaucoup avec les gens dans leurs contextes de vie. Je m'occupais beaucoup des gens qui avaient des problèmes, quoi que ce soit. C'est un peu dans cette trame-là que, dans le fond, mon travail actuel se passe aussi. C'est particulier. Le jour où on a acheté notre maison, il y a eu un accrochage entre mon ami et la courtière. Finalement, il m'a dit : « Tu devrais faire ça. Tu serais meilleur qu'elle. » Le lendemain matin, je me suis inscrit comme courtier. 22 ans plus tard, j'y suis toujours.
Mitsou: Oui, sauf que tu as fait un changement de cap quand même dans ce domaine-là, et tu t'es spécialisé en service à la clientèle. Pourquoi ?
Sylvain: Quand je suis arrivé dans le monde immobilier, la conviction et la mission que je gardais de mon travail d'avant, c'était vraiment de dire : « Je vais travailler avec des personnes. » Personnellement, les maisons, je trouve ça bien intéressant, mais il n'y en a aucune qui m'a jamais référé à un client ou à une personne qui avait besoin. Bien sûr, les maisons, ou la vente ou l'achat, ça représente une petite partie de mon travail. Dans le fond, ce que j'ai gardé comme conviction, c'est vraiment : être orienté sur les gens, sur leurs besoins et leurs projets. Quand je me lève le matin, je ne me demande pas combien de maisons je vais vendre aujourd'hui, mais : « À quels projets immobiliers je participe aujourd'hui ? » Ça me permet de me remettre à l'écoute de mes clients, de ce qu'ils vivent dans leurs projets au point où on en est rendu, et de travailler à les aider, les soutenir, les rassurer, pour arriver à la fin du projet aussi.
Mitsou: Est-ce que c'est ça qui est vraiment au cœur du service à la clientèle ? Quand il est question d'immobilier bien entendu.
Sylvain: Si on parle de service à la clientèle, le mot le plus important, c'est le service. Le service à qui ? C'est à des personnes. D'abord, je dois dire que je ne crois pas moi qu'on a une liste de clients ou on a des clients. On a des gens qui nous choisissent pour participer à leurs projets. Là, je pense que le service prend tout son sens. Si je comprends bien le projet d'une personne, comment il vit ça, le stress, ou n'importe quoi, je peux être comme un compagnon dans le projet immobilier. Ça, je pense que c'est ça qui est essentiel. Les papiers, les promesses d'achat et tout ça, ça c'est toujours pareil, mais les clients, eux, ou les personnes avec qui on travaille, ils sont toujours différents, et ils vivent toujours des choses différentes. C'est ça qui est intéressant aussi en même temps. Ça change constamment, et dans le fond, ça nous permet de découvrir toujours des nouvelles personnes, et de participer à la joie ou parfois à la déception aussi.
Mitsou: C'est surtout tellement enrichissant, j'imagine. Parce qu'on passe une vie à faire des rencontres alors.
Sylvain: Tout à fait. Moi, chaque fois que j'ai un appel, quand quelqu'un me rappelle après quelques années, puis qu'il me dit : « Sylvain, te souviens-tu ? C'est à moi que tu as vendu une maison. » Oui, c'est sûr que je m'en souviens. C'est chaque fois d'abord un privilège qui m'est donné quand j'entre dans un projet avec quelqu'un. Quand les gens me rappellent, c'est de l'excitation, parce que tu te dis : « C'est la relation qu'on a créée qui redevient vivante, et on se réactive. » Moi, je ne suis pas très développement clientèle par l'envoi de cartes de Noël ou bien des cartes d'anniversaire. J'essaie de suivre les gens, j'essaie de prendre des nouvelles d'eux. Des fois dans des moments, qui sont un peu à part, mais simplement les appeler, être en contact, ou une salutation de loin. Ça, ça permet qu'on entretienne des relations. C'est toujours la relation qui est importante dans mon travail.
Mitsou: Tu parlais de cartes de Noël et tout ça. Il y a tellement de manières de rejoindre les gens. Il y a aussi eu pas mal de virages. J'imagine que toi, Sylvain, tu en as observé beaucoup au cours des 20 ou 22 dernières années en ce qui a trait aux courtiers, puis aux agents immobiliers, leurs approches aussi, du service à la clientèle. Qu'est-ce que tu as vu comme changement ?
Sylvain: Je dois dire que quand je me suis préparé à devenir courtier, j'ai été très bon dans ma formation et tout ça, mais quand j'étais arrivé le premier jour dans la pratique, je suis tombé dans un monde qui m'a laissé sous le choc pendant mes huit ans, je dirais. Là, j'étais dans le monde de la vente. Je n'étais pas tout à fait prêt à ça, parce que moi, j'étais plus en mode service. Pendant huit ans, j'ai appris des techniques de sollicitation, j'ai appris à répondre aux objections, à argumenter avec les personnes, et tout ça-là. C'était contre moi-même. Je le faisais et je me disais : « C'est comme ça qu'on doit devenir un bon courtier. » J'ai fait les kiosques dans les centres d'achat, j'ai fait des envois postaux, les pages publicitaires. Bref, c'était tout un monde dans lequel je n’ai pas réussi à m'adapter, je pense, les premières années. J'ai bien travaillé, j'ai fait des belles choses, j'ai bien aimé les gens avec qui j'ai travaillé, mais quel inconfort professionnel ; jusqu'au jour où je me suis tanné. En 2006, j'ai décidé de former ma propre compagnie avec mes valeurs de travail. Je pense que c'était la plus belle chose que j'ai faite dans ma vie. C'était de dire : « Je vais miser sur moi, sur ma manière de faire, tout en étant professionnel. » Je dirais que c'était la plus belle année de résultats financiers, humains, et tout ça, dans toute ma carrière. J'ai vraiment misé sur moi. C'est dans la même année aussi, Mitsou, que j'ai eu Sylvain qui m'a appelé. Sylvain, c'est un ami maintenant aussi. Ça fait déjà 14 ans de cela. Sylvain, il venait de recevoir un héritage. Ses parrains-marraines sont décédés, puis ont laissé 80 000 $ pour s'acheter une maison. C'était la seule condition. 80 000 $, ce n'est pas des grosses maisons dans notre secteur. J'étais le cinquième courtier immobilier qu'il appelait, et les quatre autres avaient refusé de l'aider. Moi, j'ai dit à Sylvain : « Moi, je vais le faire. Moi, je vais être avec toi. » Ça a été vraiment très agréable. Ce qui est encore plus merveilleux, et ça vient comme confirmer à quel point une relation c'est important, il en est découlé 27 transactions depuis ce temps-là, simplement à partir de Sylvain, et de la relation que j'ai créée avec lui. Il m'a référé à des tas de gens, des tas de gens avec qui j'ai créé d'autres liens. Je me dis : « C'est sûrement la bonne piste, puisque ça donne des résultats comme ceux-là. » Moi, je suis très fier de ça. Je me dis : « J'ai mis la personne au centre de mon action. Ça l'a prouvé que je pense que j'étais dans la bonne direction. »
Mitsou: En même temps, Sylvain, comment expliques-tu que ce gars-là s'était fait refuser cinq fois avant toi ?
Sylvain: Je dirais, avec quand même un respect pour mes collègues, que le montant de la vente n'était pas assez élevé. On a le choix quand on se lève le matin, c'est choisir les personnes ou choisir de vendre des maisons, et il y en avait quatre avant moi qui voulaient seulement vendre des maisons. C'est dommage, parce qu'ils ont manqué une belle chance de développer un beau réseau et des belles relations nouvelles avec des personnes, des belles relations de service.
Mitsou: Dans un instant, Sylvain va nous parler des relations de confiance, et surtout comment les établir dans l'ère numérique.
Sylvain: Ce n'est pas une fin en soi, c'est vraiment des outils merveilleux pour en arriver à un choix qui va ressembler à un coup de cœur, puis va faire qu'on est bien chez nous.
Mitsou: Pour tout savoir sur l'immobilier, visitez cafeaci.ca, un endroit chaleureux où les courtiers et les agents immobiliers peuvent se tenir aux faits des dernières nouvelles du secteur.
Tu parles des relations Sylvain, mais ces relations de confiance là, comment est-ce qu'on les établit maintenant, en cette ère numérique ?
Sylvain: Il n'y a jamais rien qui va remplacer notre engagement personnel, je dirais. Il faut, pour les gens qui demandent notre participation à leurs projets immobiliers, avoir deux choses. D'abord, du temps pour eux, et aussi avoir de l'écoute.
Sylvain: On peut avoir du temps pour leur dire toutes sortes de choses, mais moi, je dis qu’il faut avoir du temps pour écouter ce qu'ils veulent. Quelqu'un peut venir vers nous, puis est très stressé parce qu'il y a une famille qui l'aime beaucoup, et puis qui passe beaucoup de temps à leur donner des conseils, comment j'écoute cette personne-là, puis comment je vais dénicher la meilleure réaction pour l’aider dans son projet. Dans le fond, c'est l'expérience d'une autre personne, parfois avec qui on a travaillé, qui va nous référer une autre personne. Je trouve ça extraordinaire, parce que moi, il y a jamais de maison-là qui m’a référée une personne, mais quand les gens témoignent de notre travail avec eux, ils nous parlent de la façon dont on fait les choses, et non pas des choses qu'on fait. Ça, quand c'est dans cette lignée-là, quand les gens parlent de nous et ils nous disent : « Va voir Sylvain, il va t’aider dans ton projet », il y a déjà une grande partie du travail qui est fait. Dans le fond, je dirais qu’on est là pour être le point d'équilibre entre le projet tel qu'on le mène, puis les gens qui sont autour et qui, parfois, nous donnent des tas d'informations. On est comme le pilier de la personne qui nous appelle, et on travaille avec.
Mitsou: L’écoute, puis deuxièmement être le pilier justement des désirs, puis des besoins aussi de la personne.
Sylvain: Oui, et puis rassurer les gens sur leurs besoins. Il y a des gens qui vont changer en cours de route parce qu'ils disent : « Oui, je vais accepter ça, et tout ça ». Oui, mais au début-là c’était essentiel pour toi. On va garder ça comme objectif, puis on va continuer. On va finir par trouver. Je pense que c'est ça qui aide vraiment qu'on arrive à terme du projet avec du bonheur, puis de la joie aussi. Être capable aussi je dirais, être prêt à faire plus que la demande initiale. Je pense à Madame Bellil qui m'a dit un jour : « C’est telle date que je vais déménager », et je me suis rendu à la maison. Madame Bellil elle avait de la difficulté à marcher, alors c'est moi qui l'ai pris par le bras pour l'amener jusqu'à l'auto quand le camion était plein. Là, dans le trajet pour se rendre à l’auto, elle m’a tenu le bras et elle a dit : « Arrête, je vais me retourner. Je veux voir ma maison une dernière fois parce que je ne reviendrai plus jamais. » Puis, je l'ai amenée à l’auto après, et c'était un moment où elle me serrait fort le bras. L'année d'après, c'est son petit fils qui était présent, qui m'a appelé pour me dire : « Merci d’avoir fait ça pour elle. Elle est décédée maintenant, mais moi j'ai besoin d’une maison. Peux-tu m’aider ? »
Mitsou: Quand ça traverse les générations, c’est parce que ce n’est pas pire ?
Sylvain: Oui, ce n’est pas pire, je dirais. C'est tellement le fun-là parce que ça traverse la vie aussi. Tu sais on n’est pas en train de vendre des propriétés, puisqu’on est en train de vivre des choses ensemble. Ça, c’est tellement le fun. On se lève le matin, puis on se dit : « Okay, il y a que des belles choses à vivre aujourd'hui. »
Mitsou: Comment doit-on mettre en valeur une propriété maintenant au moyen des vidéos et des visites virtuelles ?
Sylvain: On est chanceux. On a une technologie merveilleuse en 2020 comparativement à ce que j'avais en 98 quand j'ai commencé. Maintenant, on a des standards importants qui sont respectés dans le domaine de l'immobilier : la qualité des photos, les visites virtuelles, les visites virtuelles intérieures. Ce qui nous permet avec un 360 degrés de visiter chaque pièce, et aussi la présentation écrite qu'on en fait. Tout ça constitue l'entrée dans le marché. Ce n’est pas ça dans une maison. C’est vraiment où réaliser un projet immobilier. Ça, c'est des outils qu'on utilise. La deuxième étape quand ça c'est attrayant, c'est lorsque le contact se fait. Encore, l'on se dirige vers cette relation de confiance qui va nous permettre de passer à l'action. Quand la mise en valeur est faite, quand les gens ont manifesté leur intérêt, je dirais que 95 % des fois où on visite ensemble, les gens sont étonnés, étonnés du ressenti dans la maison, l'impression du voisinage. Dans le fond, tout ce qui fait qu’on se sent bien ou moins bien dans une propriété. Vraiment, et je pense que pour les mettre à la bonne place ces outils-là, ce n'est pas une fin en soi. C'est vraiment des outils merveilleux pour en arriver à un choix qui va ressembler à un coup de cœur qui va faire qu’on est bien chez nous.
Mitsou: C’est comme le milieu de la musique. Tout ce qui est digital et présentation digitale, puis après tu as le live.
Sylvain: Oui, tout à fait, c'est exactement cela.
Mitsou: Quels sont les besoins et les désirs des acheteurs immobiliers en ce moment ?
Sylvain: Je dirais que les gens ont évolué au long des années dans leur façon d'être intéressés à un projet immobilier. Maintenant, l'outil principal des acheteurs, c’est vraiment l'internet. J'y vais d'une remarque, mais ce n'est pas méchant par rapport aux gens. Souvent, les gens vont faire des recherches sur Internet, vont déjà avoir les réponses, ils vont nous appeler pour nous les poser. Là, ce qu'ils observent, ce n’est pas la réponse que je leur donne. C'est l'attitude, l’authenticité, l’empressement. Dans le fond, ils viennent vérifier qui je suis pour les aider. Ce qui est important à se rappeler, comme je le signalais un peu au début, c'est quand quelqu'un dit : « J'aimerais ça m’acheter une maison, tout l'amour du monde se met en place. Les conseils de mon oncle, de ma tante, de mon frère, de mon père arrivent. Même des histoires d'horreur ou tout ça. » Je dirais que là, le courtier immobilier a vraiment sa place parce qu'il est vraiment le point d'appui et d'équilibre entre toutes ses recommandations-là. Je donne un exemple.
Hier, je souriais parce que je pensais à ce qu'on allait faire comme entrevue aujourd'hui. Il y a une jeune fille qui m'appelle et qui me dit : « Je voudrais visiter telle maison. » Elle m’a dit au tout début : « J'ai un budget de 220 000 $. » Mais les maisons qu'elle me demande de visiter, c'est 290 000 $. Là, je ne comprends plus trop-là. C'est que le cousin est allé lui dire qu’on offre toujours le prix de l'évaluation municipale, mais jamais le prix demandé. À 80 000 $, j’ai dû lui expliquer que comme différence-là, je pense avant de me présenter avec une promesse d'achat, il fallait que j'augmente mon assurance-vie parce que je vais me faire assassiner dans le marché actuel. On va souvent au-delà du prix demandé, tellement il y a peu de propriétés pour le nombre d'acheteurs qu'on a.
Mitsou: En même temps, Sylvain, ce que tu fais, c’est de l'éducation ?
Sylvain: Tout à fait, dans le fond. Autant notre acheteur que notre vendeur, il faut le préparer à ce qui s'en vient. Sinon, ils n’ont pas le pied solide par terre pour prendre la meilleure des décisions. C'est à nous comme courtier à les former. C'est quoi les étapes à venir ? C'est quoi les garanties qu'on peut avoir ? C'est quoi les choix qu'on peut faire ? Plus on informe nos gens, mieux ils vont prendre des meilleures décisions.
Mitsou: Très éclairant, les conseils de Sylvain. Dans le prochain segment, vous apprendrez les qualités requises pour devenir un excellent courtier.
Sylvain: Jamais, je ne vous dirai d'accepter une promesse d'achat ou d'acheter une maison. Mais, s'il faut que vous l’achetiez pas, croyez-moi, c'est moi qui va gagner.
Mitsou: Que ce soit en faisant du bénévolat ou en recueillant des fonds, les membres de l’ACI du Canada jouent un rôle important dans les collectivités où ils habitent et exercent leur profession. Dites-nous comment vous redonner à votre collectivité sur realtorscare.ca.
C’est quoi les qualités requises pour devenir vraiment-là un excellent courtier ou un agent immobilier ?
Sylvain: Là j'y travaille, moi présentement. Je ne suis pas sûr encore, mais j’y travaille.
Mitsou: C’est bon l'humilité, c'est un bon point.
Sylvain: Une des choses et des choses que je dis toujours, depuis le premier client que j'ai eu il y a 22 ans jusqu'à maintenant, je leur dis toujours : « Jamais je ne vous dirai d'accepter une promesse d'achat ou d'acheter une maison mais s’ill faut que vous ne l'achetiez pas, croyez-moi, c'est moi qui va gagner. » Mes premiers clients Mitsou, ça a été vraiment toute une expérience dont je me souviens encore. On a visité une maison à Rigaud à peu près 40 minutes de Montréal, et c'était vraiment un beau petit ranch. C'était beau, c'était cool. Ma cliente était emballée, mon client aussi, jusqu'au moment où on est arrivé dans le sous-sol et on a remarqué que la fondation est en train de s'écrouler. Il y avait une dénivellation de 3 pieds sur une distance de 10 pieds. Là, j'ai dit à mes gens : « Écoutez, vous ne pouvez pas acheter ça, c'est trop dangereux. Il faut tout refaire, et je vous dirais même que dans deux ou trois mois, tout va être rasé. On ne peut pas acheter cette maison-là. » Là, ils ont commencé à m'engueuler parce que c'est celle-là qu'ils voulaient et que moi, je ne voulais pas. Finalement, on est revenu de Rigaud jusqu'à Montréal pendant 40 minutes et on ne m'a pas parlé du tout. Les gens sont descendus de l'auto, ils ont claqué la porte et deux mois après, la maison avait été rasée.
Mitsou: Est-ce que vous avez revu les clients? Avez-vous eu le dernier mot ?
Sylvain: Ils ne m’ont jamais rappelé pour me dire merci. C'est pour dire que je pense qu'il faut être vraiment authentique avec nos gens, et tenir notre parole. Leur dire c'est quoi notre engagement, et parfois ce n’est pas agréable, mais, tout en en essayant d’en prendre soin le mieux possible, tenir notre parole peu importe le coût. Je pense qu’après, les gens vont se souvenir de nous. Je suis certain qu'ils se souviennent de moi encore.
Mitsou: À la fin, c’est ton nom aussi.
Sylvain: Oui, je dirais comment devenir un bon courtier immobilier comme tu m’as demandé au début ? Je pense que c’est tenir notre parole justement avec nos gens, je pense c'est respecter aussi nos collègues. Les courtiers, on est invité à collaborer ensemble officiellement. Je dirais aussi continuer d'apprendre toujours, et travailler tout notre temps de travail. Ne pas jouer au solitaire sur l’ordinateur, mais vraiment s'occuper de nos gens et vraiment travailler consciencieusement. L’une des choses que les courtiers ne font pas souvent, c'est de réviser leurs dossiers. Quand tout est conclu, la transaction est terminée, comment ça été tel dossier ? Qu’est-ce qui a accroché ? Qu'est-ce qui était difficile ? Qu’est-ce que je pourrais améliorer ? Qu'est-ce que je pourrais faire pour corriger certains aspects ? Je pense que c'est toujours en essayant d'exceller dans le service qu’on peut devenir de mieux en mieux, de jour en jour un courtier immobilier qui a de la qualité à offrir.
Mitsou: Faire un retour sur ses anciens dossiers, ça prend du temps ça.
Sylvain: Oui, et dans mon métier, on est toujours obligé de se tourner vers l’avenir, imaginer une nouvelle façon de faire ou de créer une nouvelle mise en marché, mais c'est tellement riche d'avoir un héritage qui nous suit, qu'on a créé. Quand on est capable de regarder un dossier-là qu'on vient de traverser, et d'identifier là où on n'est pas allé justement assez loin dans notre service, on est en train déjà d'améliorer ce qui s'en vient dans l'avenir. Il y a des situations moi où je me suis rendu compte que là où ça avait été difficile, dans l'échange ou dans la formation que je donnais à mes acheteurs, c'est parce que c'est moi qui n'avait pas été assez loin sur certains points. Après, quand on a fait les visites, ils étaient inconfortables avec tel ou tel point. C'est ma responsabilité de regarder en arrière, de vérifier là où j'ai peut-être eu un élément plus faible dans le travail, mais de le corriger aussi pour que ceux qui viennent puissent en bénéficier. C'est un bel exercice dans tous nos métiers, mais on le fait tellement rarement. C'est dommage parce notre expérience, on l’a pris là-dedans. Si on pouvait la bonifier encore, ce serait merveilleux, peu importe ce qu'on fait.
Mitsou: C’est d'être soi-même son propre coach aussi d’une certaine manière.
Sylvain: Voilà, tout à fait. Se donner la chance aussi d'aller plus loin. Je dirais si on ne veut pas devenir un courtier un peu sclérosé, qui fait toujours les mêmes farces avec les clients, qui agit toujours de la même manière, il faut s'occuper de notre monde, c'est les autres qui nous amènent à évoluer. En même temps qu’on évolue, il faut être capable de vérifier là d'où l'on vient. Il y a une valeur que moi j'ai dans ma vie, c’est occupe-toi de la tradition. Il y a une façon de faire les choses, et il y a une façon d'innover aussi. On se situe toujours entre les deux : ce qui est passé, ce qui s'en vient. Là-dedans, moi comment je suis prêt à embarquer dans le jeu, autant pour comprendre ce que j'ai été, que la direction où je m'en vais ?
Mitsou: C'est quoi les plus grands défis auxquels font face les courtiers, les agents immobiliers aujourd'hui ?
Sylvain: Je dirais que c'est l'art de créer des liens. Souvent, je vois des collègues qui arrivent sur le marché et qui n’ont pas développé encore cette capacité de créer des relations de confiance. Ils ont une connaissance parfaite du marché et de tout ce qui est relié à l'immobilier, mais les gens s'arrêtent au lieu d'aller vers les autres. Présentement, la grande mode, c'est au réseautage. On fait du réseautage, on donne la carte à quelqu'un. Aujourd'hui, j'ai distribué 50 cartes, je suis sur le marché. Le réseautage-là, c'est juste l'étape qui précède la relation. Qu'est-ce que je fais après avoir pris la carte de quelqu’un ? Est-ce que je contribue à cette personne-là, comment je fais pour l’aider ? On crée une relation en s'occupant des autres.
Mitsou: Dans un instant, on aborde l'argent et l'image.
Sylvain: Il faut être flexible pour choisir son image, choisir son attitude, et choisir ses clients.
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Je parlais de sous tout à l’heure, Sylvain, mais j’imagine que l'image du courtier qui a beaucoup de succès, qui arrive avec des voitures luxueuses, ça a pas mal changé, ça aussi.
Sylvain: Heureusement, je me souviendrai toujours-là de cette situation-là où je me retrouvais avec des gens qui allaient perdre leur maison, et puis on l'avait mis sur le marché, puis vraiment ils allaient tout perdre, et il y a un courtier immobilier qui était arrivé avec une voiture de luxe toute neuve et rutilante, un complet magnifique, des dents d'une blancheur merveilleuse et qui est venu offrir la moitié du prix. Les gens se sont sentis tellement blessés de tout cela, comme si quelqu'un en plus d'en avoir, venait abuser. On ne parlait même pas de l'acheteur, mais c'était plus le messager-là qui était comme ça n’allait pas dans le contexte. Ça me fait dire quand on doit faire le choix d'être universel, plus adapté à la plupart des situations humaines, parce que c'est avant tout des humains qui sont là. Ce n’est pas des questions de promesse d'achat puis de prix, c’est des humains qui sont derrières. Ça, c'est drôlement important d'être responsable de notre image, de nos choix de vie, de ne pas en mettre trop et d'être capable de profiter aussi de ce qu'on a, de notre travail aussi. Moi, je suis très fier de mon travail, je suis très fier de mes résultats financiers aussi. Je ne l'ai pas volé à personne, mais en même temps je suis capable d'être généreux tout autant que les gens me font confiance. Ça arrive, vous savez, des fois qu'on fait des transactions, puis qu'on doit même aider les gens pour qu'ils vendent leur maison, sinon ils ne seront pas capables. Ça arrive toutes les années, je dirais. Il faut être flexible, il faut choisir son image, il faut choisir son attitude, et choisir ses clients.
Mitsou: Sylvain, c'est tellement des bons conseils qu'on soit dans n’importe quel milieu. Je trouve ça vraiment inspirant notre discussion. Je dois te dire merci beaucoup. Puis en terminant, tu nous as donné beaucoup de conseils depuis les dernières minutes. Toi, quels sont les meilleurs conseils que tu as reçu au cours de ta carrière ?
Sylvain: Le premier, je dirais celui qui a marqué beaucoup ma vie, ça a été le jour où j’ai été ordonné prêtre. Comme on disait, j’ai eu une vie antérieure qui est particulière. Le soir de mon ordination, l'évêque est venu me voir. Il m'a pris à part puis m’a dit : « Sylvain, il y a bien des choses qui s'en viennent devant toi, ça va être difficile. Ça, c’est un moment de lumière ce soir. Essaie de t’en souvenir. Si jamais tu rencontres vraiment des choses difficiles, ne prends pas de décision tout de suite. Attends que ça aille mieux. Là, reviens à ce soir, à ce que tu vis, à ta passion, à ton choix de travail, de carrière, et tu choisiras. » Je pense que c’est un conseil qui s'applique à tout le monde, dans tout nos métier. Ne prenons pas de décisions permanentes et importantes avant d'aller mieux, pour être vraiment éclairé sur notre choix, parce que c'est notre passion d'origine-là qui est en jeu quand on est confronté.
Le deuxième, c'est une phrase d'un courtier avec qui je me suis accroché déjà, et qui m'avait dit : « La chance, plus je travaille, plus j'en ai. » C'est depuis ce temps-là que j'ai commencé à l'admirer.
Mitsou: Tu es un être admirable, Sylvain. Merci beaucoup d'avoir passé ce moment avec nous. Je vais partager la bonne nouvelle.
Sylvain: Je m'attendais à une expression du genre. Mitsou c'était un plaisir. Merci de la façon dont tu abordes nos vies aussi. C'est beau de te voir. Tu es une professionnelle que j'admire depuis longtemps et vraiment, je veux te dire merci de faire ça pour tout le monde, et de l'avoir fait pour moi aujourd’hui.
Mitsou: Voilà, c'est tout pour aujourd'hui. J'aimerais remercier Sylvain Leblanc pour ses excellents conseils. Si vous avez aimé cet épisode, n'oubliez pas de vous abonner à la baladodiffusion et de la partager avec vos collègues. Ne manquez pas le prochain épisode. Fabien Major, planificateur financier, nous parlera de l'incidence économique et financière quand vient le temps de conseiller ses clients pour l'acquisition ou la vente d'un actif immobilier.
Allô,c’est Mitsou! Quel est le meilleur conseil que vous avez reçu durant votre carrière en immobilier ? Une personne vous a-t-elle donné un truc infaillible en marketing ou une idée révolutionnaire sur la gestion des relations avec les clients ? Nous voulons connaître les conseils qui ont fait progresser votre carrière de courtier ou d'agent. Laissez-moi un message au 1-888-768-6794et nous pourrions l'inclure dans notre prochain épisode.
Mitsou: Pour consulter d'autres ressources sur l'immobilier, visitez le CREA.ca. C'était Mitsou Gélinas qui vous dit : à la prochaine.
Orateur 3: Le balado EN DIRECT est présenté par l'Association canadienne de l'immeuble, l’ACI.