Alors que les ventes de propriétés chutent au Canada, l’ACI révise à la baisse ses prévisions pour 2025.
Ce qui cause, et ce qui ne cause pas, la baisse des ventes de propriétés.

En fin de compte, il semble qu’un rebond des ventes n’est pas aussi certain que prévu.
L’Association canadienne de l’immobilier (ACI) a récemment révisé ses prévisions du marché de l’habitation pour 2025 afin de tenir compte de l’incertitude liée aux tarifs douaniers et des troubles économiques qui pourraient en découler. En examinant les prévisions trimestrielles mises à jour, l’ACI prévoit que les ventes de propriétés en 2025 seront inférieures de 50 000 à celles initialement prévues (totalisant 482 673 propriétés résidentielles – pratiquement inchangées par rapport à 2024) et que le prix moyen des propriétés sera inférieur de 30 000 $ aux prévisions initiales (atteignant une moyenne de 687 898 $ en 2025).
Bien entendu, de nombreux facteurs entrent en jeu. Shaun Cathcart, économiste principal de l’ACI, a déclaré que la seule autre fois où il a été aussi difficile de fournir des mises à jour de prévisions a été lors du début des confinements liés à la pandémie de la COVID-19.
« La situation a considérablement évolué en très peu de temps », a déclaré M. Cathcart lors de son Rapport sur le marché de l’habitation de l’ACI (disponible ci-dessous en anglais seulement).
Mais, avant de nous tourner vers l’avenir, examinons les principales données sur l’habitation de mars :
- Les ventes résidentielles nationales ont chuté de 4,8 % de février à mars.
- Le nombre de propriétés nouvellement inscrites a augmenté de 3 % d’un mois à l’autre.
- L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®), l’outil le plus précis pour évaluer les niveaux et les tendances des prix des propriétés d’un quartier, a enregistré une baisse de 1 % d’un mois à l’autre et de 2,1 % d’une année à l’autre.
Les ventes de propriétés au Canada continuent de chuter en raison de l’incertitude économique
Pour mettre les choses en perspective, les ventes de propriétés en mars ont atteint un niveau que le Canada n’avait pas connu depuis la crise financière de 2008.
« Jusqu’à présent, les baisses des ventes résidentielles étaient principalement dues à l’incertitude entourant les droits de douane. Dorénavant, le secteur canadien de l’habitation devra également faire face aux répercussions économiques réelles », indique M. Cathcart dans un communiqué de l’ACI.
Les provinces de l’Ontario et de la Colombie-Britannique ont été durement touchées par la baisse des ventes de propriétés, mais les ventes sont généralement en baisse dans l’ensemble du Canada. Depuis novembre 2024, les ventes résidentielles nationales ont diminué de 20 %.

Les Canadiens sont également plus nombreux à mettre leur propriété en vente ces jours-ci et l’offre de nouvelles propriétés a bondi de 3 % en mars par rapport à février. Cela contribue à atténuer la pression sur le marché, le ratio des ventes par rapport aux nouvelles inscriptions tombant à 45,9 %.
La moyenne à long terme de ce ratio est de 54,9 %. N’oubliez pas qu’une moyenne inférieure à 45 % correspond à un marché d’acheteurs – une plus grande offre et moins de ventes donnent un meilleur choix et plus de pouvoir aux acheteurs.
Les prix des propriétés continuent de diminuer
L’Indice des prix des propriétés MLS® (IPP MLS®) composé et national a connu sa plus forte baisse d’un mois à l’autre depuis novembre 2023, soit une diminution de 1 %.
La Colombie-Britannique et la région du Golden Horseshoe en Ontario ont connu une baisse des prix, tandis que la plupart des Prairies, le Québec et la côte Est ont connu une hausse. Le tableau ci-dessous présente la répartition par province.
Le prix moyen non désaisonnalisé des propriétés à l’échelle nationale était de 678 331 $ en mars 2025, soit une baisse de 3,7 % par rapport à mars 2024.

L’ACI met à jour ses prévisions sur le marché de l’habitation pour 2025
En janvier, lorsque l’ACI a publié ses prévisions du marché de l’habitation pour 2025, on s’attendait que la stagnation était une tendance qui tirait à sa fin au Canada. Nous avons indiqué que les conditions étaient favorables à un printemps actif et prometteur, mais les actions du président des États-Unis ont commencé à influencer la stratégie économique du Canada, sans parler de la confiance des acheteurs potentiels.
Il est important de noter que les prévisions de l’ACI ne prennent pas en compte les facteurs externes avant qu’ils ne deviennent officiels. À l’heure actuelle, les droits de douane ont été mis en œuvre et continuent d’avoir un impact sur le commerce mondial, ce qui a conduit à la révision des prévisions de l’ACI.
Sur le plan des ventes de propriétés, l’ACI prévoit maintenant le même nombre de ventes en 2025 qu’en 2024, les gains les plus importants étant observés à Terre-Neuve-et-Labrador, au Québec et à l’Île-du-Prince-Édouard. On prévoit une baisse des ventes en Ontario et en Colombie-Britannique.

Les prix au Nouveau-Brunswick, à Terre-Neuve-et-Labrador et en Alberta connaîtront les plus fortes hausses, tandis que les prix devraient diminuer en Ontario et en Colombie-Britannique, contribuant à une baisse du prix de vente national de 0,3 %.

« Bien que la tendance à la baisse des ventes mensuelles ait été observée partout au Canada au cours des derniers mois, il existe encore de nombreuses régions où les ventes sont élevées, l’offre est près de niveaux historiquement bas et les prix sont en hausse, a déclaré Valérie Paquin, nouvelle présidente du conseil d’administration de l’ACI de 2025-2026 et courtière immobilière de Blainville, au Québec. Il y a également des régions au pays où les ventes sont historiquement faibles et l’offre est la plus élevée depuis une décennie ou plus. Si vous souhaitez acheter ou vendre une propriété en 2025, vous devez comprendre le marché où vous vivez, alors communiquez avec un courtier ou agent immobilier de votre région dès aujourd’hui », a poursuivi Mme Paquin.
La Banque du Canada suspend ses baisses de taux d’intérêt.
Après sept baisses consécutives des taux d’intérêt, la Banque du Canada a décidé, le mercredi 16 avril, de maintenir le cap.
Le taux d’intérêt directeur de la Banque restera à 2,75 %. C’est la première fois depuis plus d’un an que le taux d’intérêt ne bouge pas.
Les propriétaires et les acheteurs potentiels canadiens ont profité d’une série de baisses des taux qui a contribué à rendre l’achat d’une propriété plus accessible et à réduire le montant des versements pour ceux qui ont un prêt hypothécaire à taux variable. Au début d’avril 2024, le taux directeur était de 5 %.
La Banque a indiqué que l’incertitude et l’imprévisibilité entourant les droits de douane imposés par les États-Unis sont au cœur de la difficulté à prévoir la croissance économique et l’inflation. Dans son Rapport sur la politique monétaire d’avril, elle a toutefois présenté deux scénarios présentant différentes trajectoires que pourrait prendre la politique commerciale américaine.
Dans le premier scénario, où l’incertitude est élevée, mais la portée des droits de douane est limitée, le produit intérieur brut (PIB) canadien s’affaiblit provisoirement, tandis que l’inflation reste autour de la cible de 2 %.
Dans le second scénario, une guerre commerciale prolongée fait entrer l’économie canadienne en récession en 2025 et l’inflation monte au-dessus de 3 % en 2026. La Banque précise que divers scénarios sont aussi possibles et qu’un degré d’incertitude élevé entoure les prévisions, « car l’ampleur et la rapidité des changements de cap de la politique commerciale américaine sont sans précédent ».
Pour conclure, la Banque a précisé que sa priorité demeure de préserver la stabilité des prix pour la population canadienne, en prêtant une attention particulière aux incertitudes et risques suivants :
- dans quelle mesure les droits de douane plus élevés feront baisser la demande pour les exportations canadiennes;
- à quel point cela aura une incidence sur les investissements des entreprises, l’emploi et les dépenses des ménages;
- avec quelle ampleur et à quelle vitesse les hausses de coûts seront répercutées sur les prix à la consommation;
- et comment évolueront les attentes d’inflation.
La prochaine annonce de la Banque du Canada concernant le taux d’intérêt aura lieu le 4 juin 2025. Elle publiera de plus ses perspectives complètes de l’économie et de l’inflation dans son prochain Rapport sur la politique monétaire le 30 juillet 2025.
